Les marques et la seconde main, une fausse bonne idée ?
Depuis quelques années, on observe – enfin – une certaine prise de conscience collective de l’impact environnemental de l’industrie du textile. Même si les grandes marques de vêtements continuent à produire en masse, et même si la fast fashion reste une aberration pour la planète, la seconde main commence à pointer le bout de son nez, et à devenir de plus en plus populaire.
Certaines grandes marques ont même lancé leur propre gamme de seconde main. Pour en citer quelques une, on a : Jacadi, Okaidi, Monoprix (Bout’chou), … et même dernièrement Petit Bateau !
À première vue, on ne peut y voir que du positif ! Mais la loi du marché, on commence à la connaitre … C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, on a décidé de creuser un peu tout ça.
Sortez vos pelles, c’est l’heure de déterrer des vérités enfouies sous le marché de la seconde main !
Les marques et la seconde main, un engagement pas si désintéressé
Plus de seconde main pour sauver la planète
Le premier avantage, c’est celui que les marques mettent elles-même en avant : l’impact environnemental. L’industrie du textile est l’une des plus polluantes du marché. Les marques comme Okaïdi-Obaïbi, Petit bateau ou encore H&M sont les précurseurs du rachat de vêtements.
Le deuxième avantage, qui selon nous a encore plus d’impact : démocratiser la seconde main auprès du plus grand nombre. Les marques ayant déjà un nom ont le pouvoir de donner de la crédibilité à la seconde main. C’est aussi une façon d’introduire le concept d’économie circulaire dans le sens plus large.
Et enfin, le troisième avantage : les marques vérifient elles-mêmes l’état des vêtements récupérés pour en garantir la qualité. C’est une chose que l’on ne retrouve pas sur les plateformes entre consommateurs comme Vinted.
Mais vous l’aurez bien compris, pour ces marques, passer à la seconde main, c’est ne pas que pour les beaux yeux de la planète … En creusant un peu, on y trouve certaines limites.
Des arguments marketing, plus qu'un réel engagement
Consommer toujours plus de neuf
Malgré des bonnes intentions en apparence, les marques continuent d’encourager la (sur)consommation de neuf, même via leurs gammes de seconde main. La raison ? Dans la majorité des cas, les vêtements sont rachetés en échange de bons d’achat, qui ne fonctionnent que sur les collections de neuf de la même marque. Or, pour rappel, l’objectif de la seconde main est de limiter la production de neuf.
Plus de transport et de packaging
Pour beaucoup de marques, il n’y a pas d’endroit physique pour la seconde main. Du coup, les vêtements sont visibles uniquement en ligne, puis envoyés sur commande. Pour l’environnement, cela signifie plus de transport et plus de packaging. Pour le consommateur, cela signifie aussi l’impossibilité d’essayer, et plus de risque de se tromper.
Un argument “green” pour vendre plus
Le modèle économique des marques repose toujours et encore sur la production de neuf. Elles se servent de cet argument “green” pour attirer plus de consommateurs et vendre plus de neuf. En réalité, c’est plus économique qu’écologique. Pour que cela ait un vrai impact, il faudrait non seulement que les marques mettent largement en avant la seconde main, mais en plus qu’elles acceptent que les ventes de neuf baissent au profit de l’occasion. Cela prouverait leur volonté de réduire l’impact de la production de vêtements.
Mais existe-t-il aujourd’hui des solutions pour palier aux limites du fonctionnement actuel des grandes marques ?
La démarche de Loca Loca
Chez Loca Loca, nous agissons au mieux à notre échelle, pour un impact carbone qui se rapproche de zéro. Nous mettons le réemploi et le local au centre de notre démarche.
Redorer l’image de la seconde main
Fini les bacs où il faut fouiller des heures ! Une boutiquepropre, des vêtements rangés par taille et par couleur, tout a été lavé – avec des noix de lavage – et défroissé avant d’être mis en rayon. On vérifie l’état des vêtements pour garantir qu’il n’y ait ni tâche, ni trou. Et pour un impact encore plus large, nous proposons des vêtements, mais aussi des jeux, jouets et livres d’occasion, de 0 à 6 ans !
Encourager la consommation locale
Dans notre boutique éco-conçue au 6 rue des Capucins à Lyon 1, les parents peuvent directement vérifier la taille et la qualité des vêtements. De plus, on rachète les vêtements auprès des parents Lyonnais, afin de les faire circuler localement. Le petit plus : on achète les vêtements en échange de Gonettes – monnaie locale citoyenne Lyonnaise. Utilisable dans plus de 380 commerces locaux et responsables, vous pourrez acheter tout ce dont vous aurez besoin, et pas que chez nous !
À plus long terme, penser production durable
Seul petit hic ? Ici, on règle un problème à court terme. Notre but est de réduire la masse de vêtements déjà produits, en les faisant circuler localement. Mais qu’en est-il du long terme ? Nous sommes bien conscients que les vêtements que nous faisons circuler ne sont ni éco-conçus, ni forcément durables. C’est en effet une piste de réflexion que nous considérons pour la suite.
En attendant, voici quelques marques que vous pourrez retrouver dans notre boutique :
Sergent Major, Okaidi / Obaibi, Verbaudet, Tape à l’oeil, Orchestra, Vertbaudet, Du Pareil Au Meme, Bout’Chou, Catimini, Petit Bateau, Jacadi, La Compagnie Des Petits, Cyrillus, H&M, Zara Kids, …
Chez Loca Loca, on en pense quoi de tout ça ?
Alors oui, c’est un bon début. C’est mieux que les marques qui ne s’y intéressent pas encore, voire pas du tout.
En somme, tout n’est pas noir, mais tout n’est pas blanc non plus. C’est un premier pas des marques, mais ça nécessiterait une motivation plus écologique, et moins économique(est-ce seulement possible ?).
C’est en fait une vraie stratégie des marques, avec des arguments marketing surfant sur la tendance green, pour attirer plus de clients, au risque de frôler le green washing. En tant que consommateur, il faut simplement avoir conscience des intentions des marques.
En somme, les marques qui lancent leur gamme de seconde main agissent sur la fin de chaine, une fois les vêtements achetés. Or, l’autre problème majeur de l’industrie du textile se situe à la source, c’est-à-dire lors de la production.